Semaine européenne de la mobilité: de l’expérience d’une utilisatrice

Monsieur le ministre des Transports, Messieurs les responsables dU Verkéiersverbond, en cette Semaine européenne de la mobilité, je vais pousser un cri pour exprimer mon courroux d’utilisatrice des transports en commun dans et autour de la capitale.

Ces derniers mois, j’ai souvent utilisé le bus pour effectuer des trajets trop longs à faire à pied et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela a été la croix et la bannière. Utilisatrice plus qu’occasionnelle de lignes autres que la 23 et la 18 des AVL ou de la 222, j’ai eu recours à l’application mobilitéit.lu pour m’orienter au mieux. Malheureusement, ce fut une fois sur deux pour le pire.

Cette application est, d’après mon expérience, on ne peut plus mal fichue. Pour rester polie! La précision est loin d’être son fort comme vont en attester les mésaventures que je m’apprête à vous compter. Exemples qui me sont arrivés personnellement.

  1. Il y a trois semaines, un lundi matin, je devais me rendre chez mon assureur, rue du Puits romain à Strassen. Il a changé d’adresse. Comme je ne suis pas un GPS, je ne connais pas l’emplacement de cette rue (ndlr: entre Hornbach et Autopolis). Je consulte l’application mobilitéit.lu pour trouver un bus pour m’y rendre. Elle me donne trois possibilités – les lignes 213, 5 & 6 – toutes assorties d’un quart d’heure de marche… le long de et sous l’E44, puis de la N34 qui ne dispose que partiellement de trottoirs et est hautement fréquentée. Quelque soit mon choix, l’appli me dit de descendre à l’arrêt «Op der Millen» à Merl. A moins que ce ne soit déjà Helfenterbruck? Je choisis la 213: elle passe à quelques mètres de chez moi. Parfait! Sauf que le bus ne s’est pas arrêté à l’arrêt. Il a à peine freiné avant de repartir… Super! Il ne me reste plus qu’à foncer avenue Monterey pour prendre la ligne 6 avant de crapahuter 20 minutes sur le bas-côté de la route et me faire klaxonner par les camionneurs, avant d’arriver chez mon assureur. Là, je me suis rendu compte que le quartier était desservi par la ligne 27! Qui s’arrête – je vous le donne en mille – à l’arrêt «Op de Millen». Pourquoi votre pu**** d’appli n’a-t-elle pas été en mesure de me le dire?
  2. Pire! Je vais rendre visite à un proche hospitalisé à Strassen. On m’y dépose en voiture, j’y passe l’après-midi et j’envisage de rentrer en bus. N’étant pas familière des lieux, je consulte la fameuse appli. Elle me conseille de me rendre à un arrêt de bus sur la route d’Arlon et de prendre je ne sais plus quel bus en direction du centre-ville, alors que – tenez-vous bien! – Il y a un arrêt de bus très bien desservi devant la porte de l’hôpital! Alors là, je dis bravo!
  3. Je pourrais également vous parler de la fois où je devais me rendre rue Mühlenweg à Gasperich: votre super-appli m’a fait descendre à l’arrêt Alsace et traverser le pont sur les rails au lieu de me proposer l’arrêt Déportation bien plus proche…

Les exemples se suivent et se ressemblent. J’en ai d’autres dans ma besace. Quand votre appli ne donne pas de conseils approximatifs, elle se plante sur les horaires. Suis-je maudite – dans ce cas, je m’excuse de vous accuser – ou pratiquez-vous la politique desmontres molles? A moins que l’appli mobilitéit.lu fasse à nouveau des siennes? A plusieurs reprises cet été, j’ai pris ou voulu prendre la ligne 222. Notamment le samedi matin pour aller profiter des talents de cuisinière de maman ou papoter allongée sur une chaise longue sur la grande terrasse de la maison familiale. Mais encore fallait-il que le bus passe. Je m’interroge: est-ce l’appli qui merde encore ou le chauffeur du bus que je comptais prendre qui ne s’est pas réveillé? Je penche pour l’appli. Il me parait impossible que le ou les chauffeurs du bus que je voulais prendre ne se réveillent jamais le samedi matin quand je veux prendre un bus.

Bref, l’appli m’indique qu’un 222 doit s’arrêter à 11h02 avenue de la Porte Neuve. 20 minutes plus tard, je suis sensée arriver à destination. J’arrive à l’arrêt avec un peu d’avance et j’attends, j’attends, j’attends… 11H06. Toujours pas de bus. Le suivant arrive à 11h19. Je n’ai guère le choix. J’attends, j’attends, j’attends. Il arrive à 11h25. J’ai attendu 30 minutes, un bus dont le premier est soit passé largement avant l’horaire prévu ou pas du tout, et dont le suivant est arrivé avec plus de cinq minutes de retard. De ma porte à la porte de mes parents, j’ai mis une heure. Contre 15 à 20 minutes en voiture en roulant à vitesse normale. C’est ce que j’appelle un argument de poids contre le principe de mobilité douce.

L’ennui en ce qui me concerne est que cette mésaventure m’est arrivée 3 fois sur 5 trajets. J’ai même observé le bus 222 de 11h02 quitter l’arrêt à 10h57 alors que je bifurquais au coin de la rue. S’il y avait un bus toutes les 5 minutes comme c’est le cas des métros dans les grandes villes, je m’en ficherais, mais étant donné que je dois attendre près de 30 minutes le bus suivant, je râle légèrement.

Bref, je sais que le débat sur le principe de la mobilité douce est vaste et complexe, mais honnêtement entre les applications nazes et les trains qui n’arrivent pas à l’heure, il faut ne vraiment pas avoir le choix ou être franchement écolo pour laisser sa voiture au garage quand il s’agit de s’éloigner du centre-ville de Luxembourg ou de l’axe LuxExpo, Hamilius, Gare-Centrale. Ce fameux matin, alors que je traversais à pieds un rond-point (provisoire depuis au moins 20 ans !) pas prévu à cet effet, ma fibre verte a viré au rouge cramoisi. J’ai regretté d’avoir perdu deux heures pour une formalité qui m’a pris 5 minutes.

mLive, je me marre! Comment voulez-vous désengorger les routes et autoroutes, tout en améliorant la qualité de vie des Luxembourgeois et des travailleurs frontaliers – sans oublier la nature – dans ces conditions? Moi, toute seule dans mon coin, je fais des économies d’énergie, j’essaye comme je peux de sauver les ours polaires sur la banquise et autres espèces en voie de disparition, je trie mes déchets, je n’arrose pas ma pelouse en plein été et je ne prends pas trois douches par jour, j’essaye de faire un maximum de trajets à pieds pour réduire mon empreinte carbone et voilà le résultat.

Bien à vous,

Une utilisatrice qui étudiera désormais ses trajets en bus avec autant de soin que si elle partait un 15 août au fin-fond de la France dans un coin où il n’y a ni 4G, ni Wifi.

 

 

 

 

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