«Une rumeur est un phénomène de diffusion par tout moyen de communication formel ou informel d’une information dont la véracité est douteuse ou incertaine et suscitant en général un mécontentement. Par extension la rumeur est un mouvement de suspicion publique à l’encontre de quelqu’un.»
#MeToo Pendant que certaines balancent leur(s) porc(s), d’autres profitent du phénomène pour balancer, l’air de rien, des rumeurs dans la masse.
La rumeur est, après le principe du téléphone arabe, la deuxième chose qu’un certain Philippe Abiteboul nous a enseignée en première année de journalisme. Quelque chose qui s’insinue dans les esprits et peut faire des ravages dans les vies d’individus. A en croire certaines me concernant, je serais lesbienne, frigide ou je me serais tapé le monde entier (il faudrait vous décider les gars et les garces!), y compris des collègues de travail et des hommes mariés, qui auraient abusé de ma crédulité pour pouvoir faire de même avec mon corps. Des fake news basées sur des préjugés.
D’ordinaire, je ris que des gens se sentent missionnés de m’inventer une vie privée pour combler leur propre vacuité. Mais quand cette rumeur implique un tiers et qu’elle est susceptible de lui nuire, je me fâche tout rouge. Car une fois lancée, la rumeur tourne, s’insinue dans les esprits, s’oublie pour mieux renaître. Qu’on le veuille ou non, elle ne disparaît jamais réellement et reste collée aux basques de ceux qu’elle vise, mieux qu’une mouche à un attrape-mouche. Difficile de s’en débarrasser, d’autant que les démentis s’avèrent parfaitement inutiles.
La rumeur est donc un excellent moyen de nuire à une personne, voire à plusieurs. De déclencher une vague de conséquences plus ou moins mortifères. Josie Maboul en a usé et abusé pour essayer de faire fermer le Gimme Shelter.
Moi aussi, j’ai relayé des rumeurs. Souvent lors de rendez-vous tellement vides de contenu que l’on se sent obligé de les combler avec du vent. Ce ne sont pas des anges qui passent, mais des brouettes de merde, de propos sans fondements répétés pour faire l’intéressant. «Comment? Tu ne savais pas? Si, si… Il paraît!» Des potins sans conséquence. Croit-on. Certaines personnes s’emparent de rumeurs et les propagent afin de se donner une importance, un rôle social dont elles seraient habituellement dépourvues.
Et puis, il y a les rumeurs qu’on lâche à mauvais escient. Conscient du mal que l’on risque de provoquer, pour discréditer. Par esprit de vengeance ou par pure méchanceté. Ce sont les plus dangereuses. La rumeur peut également faire partie des techniques de manipulation dans le cadre du harcèlement moral.
Elles peuvent aussi faire partie de techniques d’influence dans le cadre de stratégies de diversion. Vite, vite accuser quelqu’un des mêmes déviances que soi, pour excuser son propre comportement et tenter d’éviter son propre naufrage. Pour se venger d’une personne aussi, lui nuire alors qu’on est dos au mur, face à ses propres responsabilités et qu’on est trop lâche pour les assumer. « Comment? Moi, j’aurais été un sale porc avec les femmes? Non, impossible! Vous n’allez tout de même pas croire ça? C’est ridicule! Par contre, lui là, saviez-vous qu’il avait une relation extra-conjugale, qu’il aimait les mineures, les femmes en détresse, les naines, se faire humilier déguisé en bébé,… (vous compléterez à votre guise). C’est un vrai pervers! » La réputation d’un pauvre accusé est faite!
Si le couillon a vomi le nom des mineures, femmes en détresse, naines, dominatrice qui humilie la personne déguisée en bébé,… (vous compléterez à votre guise), il fait d’une pierre deux coups, ce qui a pour action immédiate de resserrer ses sphincters et de lui éviter de faire dans son froc. Deux personnes sont salies au lieu d’une. Le slip du couard reste propre pour une fois. Déjà à l’école, il disait à la maîtresse: «C’est pas moi, c’est lui!» quand il se faisait gronder. La tête à claque de la cour de récré. Mais je m’éloigne.
La rumeur est tenace. Elle rend difficile tout discernement entre le mensonge et la vérité ou la réalité qu’elle déforme. La rumeur peut éveiller des craintes, ruiner des vies ou des réputations, des carrières ou des familles, rendre triste et amer. Quoique l’on prétende, la rumeur touche et blesse. Quand elle n’est pas légende urbaine, elle est destructrice. Elle avance toujours masquée à une vitesse proportionnelle au nombre de relais et d’indiscrets disposés à la propager. Elle grouille comme des hordes de rats dans les souterrains des villes. Elle se propage entre deux portes, à la machine à café, pendant deux longueurs de piscine, lors d’un dîner… souvent sous le sceau du secret: «Surtout, ne le dis à personne, mais il paraît que… Je peux te faire confiance, hein?», jusqu’à ce qu’elle éclate aux oreilles de l’intéressé.
Je me souviens, il y a quelques années, dans une vie précédente, mon binôme au travail a été licencié dans le cadre d’un plan social. J’ai pleuré parce que cela faisait dix ans qu’on travaillait ensemble en équipe. Je n’avais pas fini de me remaquiller que certains racontaient déjà que, si j’avais pleuré, c’est parce que lui et moi avions une aventure. Une femme amie avec un homme semble être de la science-fiction. Un homme ne peut-il être ami avec une femme que dans le but de la mettre suffisamment en confiance pour «se la faire»? Et pourquoi y a-t-il toujours des gens pour croire ces idioties ?
J’emmerde la rumeur et c’est réciproque!
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