Un pot de fleurs se fracasse sur les pavés de notre cul-de-sac. Des pensées s’éparpillent au vent tandis que Josie explore les recoins du quartier qu’elle ne reconnaissait plus (lien). Ma vieille voisine s’était arrêtée un instant afin de noter le nom de la rue dans laquelle elle venait de s’engager dans un petit carnet qui lui faisait office de fil d’Ariane pour ne pas se perdre.
Elle n’a pas remarqué que c’était le moment qu’avait choisi une habitante observatrice pour faire basculer un pot-de-fleurs depuis une fenêtre du troisième étage. L’ancienne Josie manquait à certains habitants qui trouvaient la nouvelle version ennuyeuse. Puisqu’un coup à la tête lui avait fait perdre la mémoire, un nouveau coup la lui rendrait. Ils allaient tout mettre en oeuvre pour cela, au grand désespoir de madame Raineth que l’état mental de Josie arrangeait bien.
Ce jour-là, Josie voulait aller jusqu’au parc dont lui avait parlé l’épicière. Elle devait aller jusqu’à l’église puis longer l’école et la contourner jusqu’à des escaliers qui menaient au parc en contre-bas. Josie se réjouissait de s’asseoir au bord de la fontaine, de plonger ses pieds dans son eau et de bouquiner tranquillement jusqu’à ce que l’envie lui vienne de rentrer. Elle descend paisiblement les escaliers. Un des garnements du quartier s’est caché derrière un bosquet en bas des marches. A ses pieds repose sa planche-à-roulettes. Il guette Josie entre deux branches. Quand elle lèvera le pied pour franchir la dernière marche, il fera glisser la planche dans sa direction. L’adolescent voulait être celui qui rendra la mémoire à Josie. Pour pimenter le défi, un prix avait été promis à celui qui y parviendrait. Josie approchait. Le moment était venu d’agir. Le garnement a poussé la planche. Elle a glissé, glissé, glissé… mais le stratagème n’a pas fonctionné. Josie n’a pas perdu l’équilibre. Elle s’était arrêtée sur l’avant-dernière marche pour observer un lézard. Elle se demandait quel était cet étrange petit animal qui avait traversé la marche si rapidement avant de s’immobiliser à ses pieds. Elle vérifierait dans son bestiaire.
Tombera ou pas?
Sans s’en rendre compte, Josie venait d’échapper à une deuxième tentative de lui rendre la mémoire. Elle trouvait le parc bien charmant et se demandait si elle venait s’y promener avant. En rentrant, un nouveau pot-de-fleurs a sifflé à côté d’elle. Des pots-de-fleurs, il en tombera encore un certain nombre jusqu’à ce que les habitants du quartier réalisent leur inefficacité due à l’imprécision de l’impact. La tête de Josie était mise-à-prix.
La chasse était ouverte et d’autant plus aisée que le territoire de Josie s’était considérablement réduit depuis qu’elle avait perdu la carte. Elle se rendait à l’épicerie, à l’église, au parc et à la terrasse du Gimme Shelter. C’était a priori le seul de ces endroits où Josie ne risquait rien. Chris aimait bien la nouvelle Josie. Elle était apaisée, ne cherchait plus le conflit et prenait plaisir à fréquenter son établissement. Il appartenait aux personnes dont j’étais, qui ne regrettaient pas l’ancienne Josie.
Qu’elle aille bruncher ou prendre le thé au Gimme Shelter, Josie s’installait toujours à la même place. Mais cette fois, après la messe la place était occupée par un touriste sans doute teuton ou batave. Le port de sandales avec des chaussettes tennis et d’un polo informe à grosses rayures colorées, le laissait en tout cas présumer. Josie s’installa à une autre table. Le touriste prenait ses aises. Il étendait ses bras grassouillets derrière lui et se balançait sur sa chaise. Depuis que des reliques (ndlr: je ne me souviens plus de quel partie d’animal bénie et vendue par des charlatans au Moyen-Âge il s’agissait) avaient été découvert lors de travaux de restauration de la crypte de l’église du quartier, des touristes-gogos affluaient aveuglés par leur foi. Le touriste aux sandales et chaussettes devaient être l’un de ceux-là.
« Il va finir par tomber », pensa Josie, « A l’école, l’instituteur nous tapait sur les doigts quand nous nous balancions. » Zoltan arrivait sur la terrasse avec la commande de Josie quand le pied de la chaise céda. En une fraction de seconde, s’est retrouvé les quatre fers en l’air. Josie dissimulait un large sourire derrière sa serviette. « Je l’avais bien dit! » Ma voisine était loin de s’imaginer que le touriste était tombé dans le piège qui lui était destiné. Quelqu’un avait scié une partie du pied de la chaise sur laquelle elle était habituée de s’asseoir pour précipiter sa chute.
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