Dois-je m’accepter telle que je suis (et m’en glorifier) ou ai-je le droit de me penser perfectible et entamer des démarches en la matière? Sujet philo du bac à shampoing. Pour celles qui n’auraient pas compris: dois-je accepter les bourrelets sur mon ventre (ou ailleurs, c’est selon) ou ai-je le droit de mettre tout en oeuvre pour les faire disparaître (et peut-être me sentir mieux ensuite)? Vous avez deux heures!
Le politiquement correct qui consiste à dire que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil et tout le monde il est intelligent et a à ce titre droit à la parole chez Hanouna ou à C’est mon choix, me gave. Grâce aux réseaux sociaux, tout le monde peut dire tout et n’importe quoi et pire, être relayé par les rubriques Lifestyle des sites internet d’information médiocres et populaires.
Exemple: qu’est-ce que j’en ai à foutre d’une Américaine inconnue gonflée au BigBurger qui clame dans un post Instagram être fière de ressembler à Jabba thé Hutt? WTF? Je vous le demande: quel intérêt de relayer cela? Idem pour l’ex-fan de fish&chips (britannique cette fois) qui montre au monde entier via le world wide web, photos à l’appui, qu’elle a perdu 50 kilogrammes? Bravo, bel effort! Mais comme elle était moche à la base, elle l’est toujours autant sauf que maintenant, elle rentre dans une taille 40.
De la non-information pour des lecteurs en quête de réassurance. J’imagine déjà leurs commentaires: «Oh regarde! J’ai de la marge, tu as vu son cul?» ou « Attends, elle a un bas de bikini, là?» ou «C’était bien la peine de perdre 50 kilos, je parie que dans un an, elle a tout repris!» Les femmes à barbe ne sont plus dans cabinets extraordinaires, elles s’affichent sur Internet au nom du politiquement correct.
Personnellement, j’aime les gens qui s’assument et sont bien dans leurs pompes. Ce ne sont pas eux qui m’enverront des piques, me planteront des couteaux dans le dos ou préféreront passer pour mal-élevés plutôt que de faire un compliment. Les gens bien ne font pas ça, puisqu’ils n’ont pas besoin d’être jaloux ou aigris.
Mais… les filles qui assumez vos rondeurs expliquez-moi une chose: pourquoi vous croyez-vous obligées de vous engoncer dans des robes plus moulantes qu’un préservatif? Idem pour les maigrichonnes qui rembourrent leurs soutifs. Les robes moulantes, en plus d’être souvent de mauvaise qualité, sont vulgaires et dévoilent jusqu’à la couture du string. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas systématiquement de crise d’angoisse en sortant de sa douche (et pas uniquement parce que la salle de bains est plongée dans le brouillard) qu’on doit s’habiller comme Bella Haddid ou Adriana Lima. Je vais encore me faire des amies…
Le pompom m’est apparu la semaine passée sous la forme d’une professeure de yoga de blanc vêtue, fière de montrer à ses abonnés et (avec l’aide des rubriques Lifestyle et des internautes), une tache de sang au niveau de son entre-jambe. Le mois prochain, ce sera quoi? Une guirlande de tampons hygiéniques usagés? Ce n’est pas parce qu’on a rien à cacher qu’il faut tout montrer.
Cela me rappelle un ancien collègue qui plusieurs fois par mois nous mettait sous le nez, la vidéo d’un vagin engloutissant une anguille vivante de la taille d’un avant-bras ou avouait à la stagiaire avoir passé la Saint-Sylvestre à se tirer la nouille dans sa baignoire pour ne pas salir le canapé du salon. Sans gêne, sans retenue, sans pudeur et sans décence. S’il avait été sur les réseaux sociaux, on aurait retrouvé tout cela sur une page Lifestyle entre le nouveau super-aliment à la mode et les photos d’une sublime starlette qui pose topless dans un champ d’avocats qui, il y a deux ans était encore une partie de la forêt amazonienne. Le chic côtoie l’infâme et le sans intérêt.
J’assume mes fesses, surtout depuis que Beyoncé et Rihanna ont remis les postérieurs joufflus à la mode, mais ce n’est pas pour cela que vous le verrez un jour sur les réseaux sociaux ou dans un slim blanc. Et je fais de mon mieux pour en réduire le volume. Même Ashley Graham, la Cindy Crawford plus size, n’assume pas ses courbes autant qu’elle ne veut bien le prétendre. Après visionnage de ses photos sur Google, j’ai pu constater que son poids était inversement proportionnel à sa popularité. En gros, plus elle est connue, plus elle maigrit.
Ce qui me fait dire, sur base de mon expérience personnelle, que l’acceptation de soi clamée haut et fort par certaines est en fait de la résignation à sa condition humaine. Une sorte de bouée face à l’inéluctable fatalité de la génétique, une forme de résilience pour ne pas sombrer à chaque fois qu’on croise un miroir. Et que comme disait ma grand-mère, ce sont les cruches vides qui font le plus de bruit. Mais c’est vrai, selon le public de C’est mon choix, ce n’est pas l’apparence qui compte.
Peut-être, mais moi, je déprime quand je ne rentre pas dans un 40 de chez Zadig&Voltaire ou de chez Ba&h et je n’en ai strictement rien à foutre de rentrer dans un 40 de chez H&M. Je dois être snob.
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