«Appel à témoins : une dame âgée est portée disparue
depuis hier soir. Des voisins évoquent un enlèvement.»
Je passais le weekend chez le Viking quand le journal en ligne auquel j’étais abonnée envoya ces quelques lignes sur mon smartphone. Je cliquais sur le lien pour en apprendre d’avantage. J’adore les faits divers! En outre, le Viking s’était enfermé dans la cuisine et je m’ennuyais avec mon verre de whisky dans le canapé.
L’article disait que la dame en question, dont la description correspondait à Josie Maboul, avait disparu dans notre quartier. Selon une voisine non-identifiée, la dame aurait été enlevée en pleine rue à la tombée de la nuit. Quatre hommes au visage peint en noir l’auraient poussée à l’arrière d’un van de location avant de mettre les voiles. La police était à la recherche du van, des ravisseurs et de Josie. Elle comptait sur la vigilance de témoins qui pourraient lui apporter d’éventuels indices.
Josie avait été enlevée! Des hommes étaient suffisamment inconscients pour s’enfermer avec ma voisine dans un espace confiné. Restait à savoir pourquoi et ce qu’ils allaient faire de Josie. On ne l’avait certainement pas enlevée pour sa fortune et personne ne payerait de rançon. Quelqu’un devait vouloir débarrasser le quartier d’une voisine gênante. La nuit tombait tôt en ce début d’hiver et les ravisseurs avaient dû la cueillir pendant qu’elle effectuait sa ronde du vendredi à la recherche de voitures mal stationnées. Les ravisseurs devaient donc connaître ses habitudes. Qu’allaient-ils lui faire et allait-on la revoir un jour?
Retrouvée par un cueilleur de truffes
Le lundi soir suivant, une notification push du journal indiquait qu’un cueilleur de truffes et son chien truffier avaient retrouvé Josie ligotée, baillonnée et les yeux bandés au pied d’un talus en forêt. Elle était trempée, apeurée et transie de froid. Elle n’aurait, selon la police, pas été en mesure de donner d’indications utiles quant à ses ravisseurs, ni combien de temps elle avait passé dehors. Elle avait ensuite été placée en observation à l’hôpital pour quelques jours.
Dans le quartier, tout le monde parlait de la disparition de Josie. Le bruit courrait que les ravisseurs avaient certainement dû l’abandonner en pleine nature n’en pouvant plus de la maintenir captive, tellement elle pouvait se montrer désagréable et revêche même ligotée et cagoulée.
Josie quitta l’hôpital quelques jours plus tard. Elle nous raconta qu’elle avait été bien traitée par ses ravisseurs. Ils l’avaient nourrie, laissée regarder son émission télévisée préférée et qu’elle avait pu dormir sur un matelas à terre. Elle avait été relâchée le long d’un chemin forestier très fréquenté à deux pas d’un village. Manifestement, les ravisseurs n’avaient pas voulu lui faire de mal. Juste lui faire peur. Leur identité reste jusqu’à ce jour inconnue, mais Josie eut à plusieurs reprises par la suite la sensation de reconnaître des odeurs de cuisine en passant devant certaines maisons du quartier lors de ses rondes. L’enlèvement ne l’avait malheureusement pas privée de ses mauvaises habitudes.
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