«Espèce de vieille truie!» Je faillis lâcher l’assiette que j’étais en train d’essuyer. C’était la voix de Josie, mais qui était la «vieille truie» et que s’était-il passé? «Je fais appeler la police» Du Josie tout craché. C’était son ultime argument. Elle le servait à qui ne voulait pas obtempérer à ses ordres, pensant être obéie à l’évocation de l’uniforme et du pouvoir qu’il conférait à ceux qui le portaient. «Vas-y! Et tu leur expliqueras ce que tu étais en train de faire.» ça, c’était la voix de Madame Coppa, basse et posée. Il fallait plus que des menaces pour impressionner cette grosse femme à la carrure et aux jointures viriles. Elle avait répondu à Josie comme beaucoup d’autres avant elle.
La semaine précédente, Josie avait tenté d’intimider un de mes amis qu’elle jugeait mal stationné, alors qu’il attendait simplement en bas de l’immeuble que je descende. Il avait à peine éteint son moteur que tel un diable qui sort de sa boîte, elle bondit devant la voiture et commença à s’en prendre à mon ami, l’interrompant et ne le laissant pas s’expliquer. «C’est une zone de stationnement résidentiel ici, vous n’avez pas à rester ici. Je vais prévenir la police.» «Mais ne vous gênez-pas et je leur expliquerai ce que je n’arrive pas à vous expliquer.» Josie lui lança un regard dédaigneux et disparut à l’intérieur de notre immeuble. Je la croisais dans l’escalier. Elle avait sa tête de bouledogue des mauvais jours. Je compris tout-de-suite que mon ami avait dû faire sa connaissance.
Mais revenons à nos truies… «Ce que j’étais en train de faire? Mais rien. C’est toi qui m’a agressée», répondit Josie d’une voix de gamin en pleine mue pris en flagrant délit de doigt dans le pot de confiture. «C’est la meilleure!», dit Madame Coppa en se tapant la cuisse du plat de sa main droite. «Exactement, c’est la meilleure! Tu es complètement folle. D’ailleurs avec ce que tu écluses, il fallait bien que ça arrive un jour.» Josie bégayait d’énervement. «Je ne te permets pas…» «Josie, maintenant tais-toi et rentre chez toi et que cela te serve de leçon!» C’était la voix de l’épicier. Qu’est-ce que Josie avait-elle encore bien pu faire pour que l’épicier s’en mêle? Je n’osais me pencher à ma fenêtre.
Tac-O-Tac Josie
«Ohoh! Voici le justicier des faibles et des opprimés, me voilà sauvée.» Si j’avais été l’épicier, ma main droite m’aurait chatouillée. C’était une réaction que nous avions déjà tous eu en face de Josie, mais nous nous retenions tous de laisser libre cours à notre imagination corporelle. Car là, nous savions que notre rapport avec la menace de la police serait immédiatement inversé. «Merde! Je me promenais dans la rue et cette folle de Coppa m’a balancé un seau d’eau à la figure et elle a le culot de prétendre que j’ai fait quelque chose de mal.» Un seau d’eau? «Tu espionnes par mes fenêtres le soir depuis des semaines!», a répondu Madame Coppa, «Par mes fenêtres et celles de toutes les personnes qui habitent au rez-de-chaussée dans le quartier.» «Menteuse! Tu n’as aucun témoin. Tu as très bien pu me balancer le seau d’eau juste parce que tu es folle à lier», lui rétorque Josie en haussant le ton d’un cran. «Tout le monde te voit par les fenêtres, derrière les rideaux ou les pots de fleurs. Tout le monde Josie, même des gens des étages t’ont vue.» «N’importe quoi! Vous cherchez juste à m’intimider, vous êtes vicieux, je vous connais.» «Alors qui c’est qui va appeler la police maintenant?», demande Madame Coppa. «Moi, pour diffamation et agression. Tu vas prendre cher, sale truie.»
Josie ne se démonte pas, mais face aux photos de son visage encadré par différents rideaux, ambiances ou encadrements de fenêtres, tirées du smartphone de l’épicier, Josie se ramassa sur elle-même. Son regard devint moins assuré. Elle se sentait acculée. Elle pensait avoir menée discrètement ses sessions d’espionnage des habitants du quartier, mais elle devait bien admettre qu’elle avait échoué. Mais Josie ne perdait jamais la face, c’était impossible. Comme à son habitude, elle devait avoir le dernier mot. Tel un champion de tennis qui smashe une balle rapide, elle répond le plus innocemment du monde: «Je ne vous observais pas. Je nettoyais vos jardinières. Bande d’ingrats, c’est grâce à moi si vos fleurs sont si belles.» Josie venait d’adapter à sa sauce mauvaise-foi le concept d’arroseur-arrosé,
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