Josie était tombée amoureuse d’un jeune homme qui, comme elle, empruntait la ligne 27 matin et soir. Timide, elle n’osait pas l’aborder et regrettait de passer inaperçue à ses yeux.
Josie voulait qu’il la regarde, qu’il lui sourie, qu’il l’aborde. L’inconnu occupait ses pensées plusieurs fois par jour. Elle l’imaginait montant dans le bus et lui inventait une vie qui l’incluait. Ils prenaient le bus tous les deux, mains dans la main. Ils étaient heureux, épaule contre épaule, assis sur la même banquette. Tout était facile. Et puis, la réalité s’introduisait dans son rêve, la raison refaisait surface : il ne savait même pas qu’elle existait! «Josie, sois réaliste, comment un gars comme lui pourrait-il s’intéresser à une fille comme toi?», se dit-elle avant de se reprendre: « Pour qui il se prend? Il est pas si terrible que ça, lui non plus. Il passerait derrière une affiche sans la décoller! Et puis, je ne vais pas me rendre malade pour un mec!»
Bien décidée à l’ignorer à son tour et à se montrer insensible à son charme, Josie s’installa à sa place habituelle dans le bus, croisa les jambes et déplia un magazine féminin. Les arrêts se succédaient. Entre deux articles, Josie voyait l’horloge de la gare se profiler à l’horizon. Elle s’était jurée de ne pas prêter d’attention au jeune homme, mais pourtant son cœur battait de plus en plus fort à l’idée qu’il n’allait pas tarder à embarquer. L’arrêt approchait. Josie sentait le bus freiner. Elle se cramponnait à son magasine. Le bus s’immobilisa. L’envie de voir le jeune homme était plus forte. Juste un œil… Elle abaissa légèrement le côté droit du magazine. Le jeune homme lui tournait le dos. Il était plongé dans un roman. «Je voudrais que son roman prenne feu! Peut-être alors lèverait-il les yeux vers moi», pensa Josie qui, de dépit se replongea dans son magazine.
Transports amoureux
Le jeune homme commençait sérieusement à lui courir sur le haricot. Elle n’obtiendrait jamais rien de lui. Mieux valait l’oublier. Le plus simple pour y arriver était de prendre un autre bus. Elle choisit de partir dix minutes plus tôt chaque matin. La première semaine, sa fierté la portait et elle se moquait bien de ne plus voir le jeune homme. La deuxième semaine, il commençait à lui manquer mais elle se résonnait: «C’était mieux ainsi!» La troisième semaine, elle avait envie de reprendre l’ancien horaire. Juste une fois pour voir si le jeune homme lui faisait encore de l’effet… «Et tu vas faire comment pour l’oublier si tu le revois?», lui dit la voix ferme de sa conscience. Juste une fois… «Non!» Bon d’accord… Josie poursuivit sa route sur le chemin de la raison et de l’oubli en prennant le bus plus tôt chaque jour jusqu’à effacer le coup de cœur qu’elle avait eu pour le jeune homme.
Josie se sentait libérée et délivrée. Elle n’avait plus ni cas de conscience, ni de soucis de cœur, ne ressentait plus de tentation ou de frustration, elle n’avait plus à se remettre en question, plus de doutes, plus de stress. «Comment font les femmes qui changent d’hommes comme de strings?», s’interrogea-t-elle. Sa vie avait repris son train-train quotidien jusqu’au jour ou le dieu des transports en communs décida de la bousculer un peu.
Ma voisine attendait tranquillement son bus comme tous les jours. Les minutes passaient mais le bus n’arrivait pas. Une, deux, trois, cinq, huit… Rien. Et puis soudain, Josie sursauta: si son bus avait du retard, elle risquait de croiser le jeune homme! C’était bien trop dangereux. Il allait, à son insu, remettre du désordre dans la vie de Josie. «Je ne le laisserai pas faire! Si cela se trouve, je vais le trouver ridicule avec ses petits costumes étriqués et ses manières d’intello», essaya de se convaincre Josie. Dans le bus qui était finalement arrivé, Josie pratiquait l’auto-persuasion: «Tu ne retomberas pas sous son charme! Ce n’est pas quelqu’un pour toi. Tu étais bien plus tranquille quand tu n’avais pas à te poser toutes ces questions sur toi, sur lui et la possibilité d’un nous… IL EST LA !!! ça va… Il ne me fait plus aucun effet. Qu’ai-je bien pu lui trouver, franchement! Ooooh, il a une nouvelle écharpe. Le violet va bien avec ses yeux marrons…» Josie retombait sous le charme. «Reprends-toi ma grande! Il ne t’a même pas vue. Oublie-le! Demain, on reprend le bus habituel.»
Le ver était dans le fruit. Josie rêva du jeune homme. Le lendemain, elle tint bon et pris le bus plus tôt pour ne pas le croiser. Mais il s’était à nouveau insinué dans ses pensées. Chaque jour, son souvenir venait la titiller. Il était hors de question que Josie faiblisse. «En même temps, comment être certaine qu’il n’en vaut pas la peine si tu ne fais pas sa connaissance», lui souffla sa conscience. Comment? Josie était trop timide. Elle n’oserait jamais l’aborder ou papillonner des yeux en faisant la moue comme les petites blondes fluettes qui semblaient tant lui plaire. Elle allait lui écrire une lettre dans laquelle elle lui dirait tout et lui proposerait un rendez-vous.
Josie va-t-elle finalement réussir à séduire le jeune homme? Rendez-vous la semaine prochaine!
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